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Interview de Lisa See

Nous avons eu la chance de rencontrer Lisa See, l'auteur de L'île des femmes de la mer, lors d'un entretien zoom. Bien que son livre soit une oeuvre de fiction, elle y décrit avec précision la vie des haenyeo, de l'époque de l'occupation japonaise à aujourd'hui.

Nous lui avons posé plusieurs questions sur ses inspirations pour ce roman, son processus d'écriture et sa rencontre avec les Haenyeo.

 

 

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Q : Comment avez-vous écrit votre roman ? Était-ce seulement issu de votre imagination ou avez-vous utilisé des éléments tirés du réel et de votre expérience? 

 

Avant tout, Lisa See nous invite à naviguer sur son site web https://www.lisasee.com/islandofseawomen pour découvrir ses inspirations et surtout des vidéos qui ont marqué son travail.

 

Au début de ses recherches, l’auteure a énormément nourri ses écrits de lectures scientifiques (sur la santé des haenyeo, les douleurs qu’elles subissent, leur capacité à retenir leur respiration etc.). Et c’est surtout à UCLA (Université de Californie à Los Angeles) qu’elle a commencé à trouver ses sources. Elle s’est aussi dirigée vers des professeurs d’université du monde entier pour en apprendre plus. Elle a même rencontré une chercheuse qui collecte des chansons traditionnelles de Haenyeo depuis plus de 40 ans. 

 

Sur place, le Musée Haenyeo l'a beaucoup guidé.

 

Avec les plongeuses, c’était un peu plus délicat. Certaines ne voulaient pas parler, et celles qui se laissaient interviewer ne donnaient que quelques courtes minutes de leur temps. 

Mais ces courtes interviews auprès des femmes mais là où elle a recueilli les fragments les plus importants pour son roman. 

“Je suis la meilleure haenyeo ! Mais elle l'était sûrement, car celle qu’on voit au musée et qui est représentée sur certaines statues. 

Les femmes qui parlaient de leur grossesses, quelque chose qui l’a beaucoup marqué.

 

Q : Avant d’aller sur le terrain, comment avez-vous eu l’idée d’écrire sur les Haenyeo ? 

 

Il y a 10 ans de ça, l'auteure se trouvait dans la salle d’attente d’un médecin et au hasard des pages d'un magazine, un petit encart portait sur ces fameuses femmes plongeuses. Ça a éveillé la curiosité de Lisa See, et elle savait qu’elle devait écrire sur elles. Émerveillée par leurs capacités et par leur organisation matriarcale.

Q : Est-ce que vous pensez que les haenyeo ont le sentiment de remettre la main sur un pouvoir trop longtemps donné aux hommes ?

 

C'est évident que la profession des Haenyeo leur permet d'être plus à même de contrôler leur vie, mais ça reste limité. En effet, dans le passé, les femmes ne pouvaient pas posséder de propriété et la Corée du Sud reste un pays très confucianiste et donc très patriarcal.

Q : L’ile de Jeju est connu pour le massacre perpétré en 1948, est-ce que l’on ressent ce poids au sein de la communauté Haenyeo ?

 

D’après des recherches, toute une société peut être touchée par le stress post traumatique. Et oui, c'est indéniable que la communuté des Haenyeo, les habitants de Jeju et tous les citoyens sud-coréens ont été et sont encore touché par cet évênement. Il y a ce sentiment d'autant plus que les non-dits et les secrets de familles étaient omniprésents et ont fait souffrir toute une génération. 

Les parole d'un jeune enfant peuvent tout à fait illustrer ce poids : "Pourquoi ces personnes sont-elles toutes mortes le même jour ?"

 

Q : Vous avez eu la chance de rencontrer les Haenyeo, pensez-vous que leur communauté est vouée à disparaitre ? 

 

Le fait de faire rentrer les plongeuses sud-coréennes au patrimoine immateriel de l'UNESCO nous fait penser que leur tradition est vouée à disparaitre. Dans 15 ans plus ou moins, elles sont condamnées à disparaitre.

C’est cette urgence qui a motivé Lisa See à se lancer dans l’écriture de son livre. 

Si elle n’y était pas allée 5 an plus tôt, il serait déjà trop tard pour rencontrer la communauté et écrire.

 

Il y a certes quelques jeunes plongeuses en activité aujourd'hui mais il reste seulement 400 plongeuses, et si il y a 10 jeunes parmi ces 400, ce n'est pas assez pour perpétrer la tradition.

 

Et aujourd’hui, l’éducation est accessible aux jeunes filles. Et ces dernières ont vu leurs grands mères et leurs mères souffrir. Se diriger vers la ville et les métiers de bureau est plus simple et presque essentiel pour gagner sa vie convenablement.

 

Quelques jeunes femmes qui sont engagées en tant que performers mais elles sont là plutôt pour entreteir la mémoire des Haenyeo et faire survire la tradition haenyeo.

Et enfin, avec le changement climatique, c'est de plus en plus difficile pour les plongeuses de gagner leur vie convenablement, les ressources se faisant plus rares.